«Non, c’est l’odeur de notre pain maison», corrige une gentille sœur tout de noir vêtue en me tendant une chaude tisane de fleurs du jardin accompagnée de leur miel et de quelques koulourakias, leurs biscuits traditionnels grecs.
«Ici, tout est fait de façon artisanale à partir de nos récoltes. Nous sommes presque autosuffisantes», m’expliquera plus tard sœur Macrina, responsable de la fromagerie du monastère Vierge Marie la Consolatrice, la seule communauté religieuse de confession grecque orthodoxe au Québec.
Ce paisible monastère, perdu au fond d’une luxuriante forêt de feuillus tout près de Brownsburg-Chatam, a vu le jour au milieu des années 1990 à la demande de la communauté orthodoxe de Montréal. «Notre père spirituel est originaire du mont Athos en Grèce», raconte sœur Macrina. «Il venait ici donner la confession depuis 1973. C’est lui qui a fait venir les deux sœurs qui ont fondé le monastère en 1993.»
Mère Thekla, leur mère supérieure, a mis son expérience en agriculture au service de la communauté afin de respecter le zonage de cette ancienne ferme abandonnée. À l’aide d’une vingtaine de religieuses montréalaises de différentes origines, elle a rénové la propriété pour en faire un paisible lieu de culte où l’on fabrique l’un des meilleurs fromages grecs de la province.
Rien à envier aux grecs
Pendant plusieurs années, les moniales ont eu leur propre troupeau de chèvres et de brebis. Sœur Macrina, chimiste de formation, possédait les connaissances minimales pour arriver à transformer le lait de leurs bêtes en fromage. En 2000, elle et mère Thekla ont suivi une formation à l’institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe pour pouvoir commercialiser leurs produits.
Après de nombreux essais erreurs, le miracle s’est finalement produit. Elles ont réussi à produire du fromage feta québécois aussi bon que celui des Grecs, quoiqu’un peu différent au goût. Elles fabriquent également d’autres excellents fromages comme l’Athonite, un cheddar de chèvre fort, et de la ricotta Graviera, pour ne nommer que ceux-là.
Au départ, on fabriquait le fromage pour nourrir les religieuses. «Nous en donnions aussi à nos visiteurs après la messe. C’est notre tradition, explique sœur Macrina. Les gens ont aimé et ils ont commencé à nous en demander.»
En 2004, quatre fromages de la fromagerie Le Troupeau Bénit étaient classés parmi les meilleurs du Québec au concours Caseus.
Le troupeau de 150 chèvres et brebis a dû être vendu en 2006, mais on continue d’acheter leur lait des nouveaux propriétaires. Entre la prière, la cuisine et la transformation, c’était devenu trop de travail pour les religieuses.
«Il a fallu faire des choix», explique sœur Macrina en rappelant qu’elles trayaient encore leurs animaux à la main.
Outre le fromage, les sœurs produisent leur propre miel, celui dont elles se servent dans la fabrication de leurs baklavas. Elles font aussi une excellente moussaka avec leurs légumes et toute une variété de douceurs typiquement grecques. Les visiteurs peuvent se les procurer à la boutique du monastère.
PRODUITS VEDETTES
Feta
Fromage de chèvre, de brebis ou mixte, affiné dans la saumure. La pâte est blanche, friable et de surface humide. Saveur lactique, légèrement salée. Excellent dans les salades ou pour cuisiner.
PHOTO COURTOISIE, MONASTÈRE
Athonite
Fromage de chèvre, affiné dans la masse. Pâte orangée au goût de noisettes et de fruits. Se déguste avec du vin rouge, en entrée, sur un plat de dégustation.
GRACIEUSETÉ DU MONASTÈRE
Graviera
Fromage de lait de chèvre, de brebis ou les deux. Surface lisse blanche avec reflets jaunes. Odeur délicate de beurre et de crème. Saveur de lait frais. Parfait en cuisine sur les pizzas ou sur les plats gratinés.
♦ Tous ces produits sont vendus à la boutique du monastère. Les fromages sont offerts dans la plupart des IGA du Québec.
Le Troupeau Bénit
827, Chemin de la Carrière, Brownsburg (Québec)
(450) 533-4313
http://www.journaldequebec.com/2015/10/21/de-la-feta-benie