Thursday, February 15, 2018

La prière de Jésus

Dans la prière de Jésus tout est cristallisé autour de Nom de Jésus qui va résonner sans cesse au fond de l'âme en une communion incessante avec Jésus présent en son Nom dans le cœur de l'homme.


La prière de Jésus est une phrase : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie Pitié de moi le pécheur ». Nous avons des moines qui ne font que cette prière-là toute la journée. Le cœur de l'homme récite sans cesse, même dans le sommeil, C'est Jésus que l'on intériorise en soi, c'est pourquoi il va émigrer dans notre cœur, La prière de Jésus est à la fois un appel au secours : « Seigneur Jésus-Christ aie pitié de moi », donc une occasion d'humilité et une invocation du nom de Jésus ce qui lui donne toute son ampleur. Elle résume en quelque sorte la foi chrétienne, puisque le cœur devient le réceptacle du Nom de Jésus et communique l'énergie divine. Dans la théologie orthodoxe, il y a une différence entre « essence » et « énergie ». Dieu, dans son essence, est inaccessible car l'homme ne peut pas dépasser sa condition. L'homme est un être créé, il n'est pas le créateur. L'essence humaine n'est pas l'essence divine. A ce niveau-là Dieu est inaccessible. Mais Dieu se manifeste dans le monde. La manifestation de Dieu dans le monde se définit dans l'orthodoxie comme l'énergie de Dieu et à ce niveau-là Dieu est participable. A ce niveau-là l'homme participe à la manifestation de Dieu dans le monde, d'où la rencontre dynamique basée sur le désir, de part et d'autre, de participation, de communion. Cela aboutit à la quiétude, à la paix intérieure. Cette invocation est devenue l'oraison-type de l'Orient orthodoxe : « Que le Nom de Jésus soit comme soudé à votre souffle et à votre vie entière... » La prière de Jésus, qui est en fait celle du publicain évangélique, c'est toute la Bible, tout son Message, réduits à leur essentielle simplicité. Confession de la Seigneurie de Jésus, de sa divine filiation à la Trinité... 
 
Le commencement et la fin sont ramassés ici dans une seule parole chargée de la « présence-sacrement » du Nom du Christ. C'est pourquoi cette prière doit résonner sans cesse au fond de l'âme. Quand on a acquis cette technique suprême, on n'a plus besoin d'efforts de pensée, le Nom de Jésus jaillit de Lui-même, c'est la prière ininterrompue et cette invocation suivra le rythme de la respiration, elle sera dans le souffle de l'homme même pendant le sommeil. "Je dors mais mon esprit veille" (Cantique 5,2). Il y a certes une technique nécessaire mais là n'est pas l'absolu. Là n'est pas le but en soi. Le but, c'est l'acquisition des dons de l'Esprit par une vie évangélique. La colonne, l'appui avec lequel se fait l'acquisition des dons de l'Esprit, c'est la prière. A partir de là, la prière sera assumée par chacun et chacune selon ses capacités et selon ses charismes. Ce mode de prière se trouve à la limite entre la prière vocale et la prière mentale, entre la prière méditative et la prière contemplative. Mais si le nom de Jésus devient le foyer d'une vie il ne faut pas aller s'imaginer que l'invocation du Nom soit un moyen court qui dispense des purifications ascétiques et des autres efforts. 
 
Le Nom de Jésus est Lui-même un instrument d'ascèse, un filtre au travers duquel ne doivent passer que les pensées, les paroles, les actes compatibles avec la vivante réalité que ce Nom symbolise. C'est à travers cela que toute vie de prière trouve sa justification et marque son but final.